Le sport évolue année après année, et le trial n’est pas en reste. Alexandre Fabregas qui vient d’obtenir son diplôme « Master préparation psychologique et coaching du sportif » mais il souhaite se perfoctionner encore dans son domaine. D’ici peu il va pouvoir appliquer son savoir auprès des sportifs. Avant cela, et parce qu’il est passionné depuis toujours par le trial, il nous propose de découvrir avec lui ce que peux apporter la préparation mentale à un sportif mais aussi dans le Trial.
TI: Bonjour Alex. Depuis peu tu t’es lancé dans la préparation mentale que tu as appliqué dans le trial. Avant d’en parler, peux tu nous dire quel est ta formation, quels sont les compétences nécessaires?
Alexandre Fabregas: Bonjour à toi. Niveau cursus, je me suis d’abord orienté vers une licence Staps. J’ai validé la Mention « Entrainement Sportif » avec un contenu très physiologique, préparation physique et un peu de psychologique. Les cours de psychologie sportive m’ont intéressé et j’ai ensuite poursuit mon projet professionnel sur le Master « Préparation Psychologique et coaching du sportif » même si c’était mon projet dès ma première année de fac. C’est un Master où nous étudions exclusivement l’aspect mental de la performance avec des connaissances scientifiques, des cours plus précis sur les contenus, les postures ainsi que des intervenants extérieurs dans ce milieu. Concernant les compétences, difficile de les classer mais je dirai qu’il faut avant tout être à l’écoute, avoir un esprit ouvert, innover et ne pas s’approprier le succès des sportifs.
TI: Pour parler sport en général, ton frère Ludovic monte dans la hiérarchie du Hand Ball avec une place en équipe de France jeunes et dernièrement chez les A avec les champions Olympiques en titre, mais aussi plusieurs matchs avec les pros! Utilises-tu son expérience du très haut niveau, lui qui côtoie maintenant des champions du monde et Olympique!
Alexandre Fabregas: Je n’utilise pas forcément son expérience du haut niveau, car je considère qu’il est encore en formation, il doit encore beaucoup apprendre. Par contre il est vrai qu’on échange beaucoup, sur sa progression, ses objectifs, l’exigence du haut-niveau et les étapes nécessaires pour y accéder. Au-delà de ça, c’est l’environnement du club, les discussions avec les entraîneurs, les joueurs professionnels ou encore ceux qui n’arrivent pas à percer qui me permettent d’en apprendre toujours plus et d’avoir le plus de recul possible. Aller voir dans d’autres sports et entendre d’autres discours est très enrichissant.
TI: Fais-tu de la préparation mentale avec ton frère du coup ?
Alexandre Fabregas: Je me considère avant tout comme son frère. En discutant avec lui, je me suis rendu compte qu’il abordait sa discipline de la meilleure des manières : du sérieux, de l’exigence, du travail. Il a toujours regardé au dessus et se compare à meilleur que soit. Il ne triche pas. À partir de là, il trace son propre chemin. Cela dit, il travaillera peut-être avec un préparateur mental s’il pense en avoir besoin.
TI: On peut voir que la préparation mentale existe dans de nombreuses disciplines. Penses-tu qu’elle a sa place dans le trial ? A quelle niveau s’applique-t-elle?
Alexandre Fabregas: Cela s’exprime de différentes manières selon les disciplines bien sur. Un skieur doit par exemple connaître sa piste parfaitement, il utilisera l’imagerie mentale pour optimiser sa descente. Dans un sport collectif, on s’attardera pourquoi pas sur la cohésion de groupe ou la fixation d’objectifs d’un point de vu individuel. De la Natation, au patinage artistique en passant par le tennis, les habiletés mentales sont nécessaires pour produire une bonne performance. Je pense que le trial en fait parti car c’est un sport qui demande beaucoup de contrôle de ses émotions. Il faut connaître et reconnaître ses limites, la notion de prise de risque existe réellement. La particularité est la zone de trial par excellence, où l’on a uniquement le droit de repérer à pied. Cela implique une reconnaissance efficace, avec des solutions diverses (différentes techniques de franchissements, assurage,..). Le temps de zone (passé de 2min30 à 2min) sera un élément majeur dans les mois et années à venir. On l’a vu à Poitiers, les pénalités de temps ont toutes leur importance désormais. Cela s’applique également sur la confiance en soi.
On connaît tous des trialistes de l’entraînement, mais en compétition, ils ont du mal à transférer leur savoir faire le jour J, sur la compétition. Gestion du stress, fixation d’objectifs, motivation, concentration sont des thèmes que l’on étudie beaucoup. La relation trialiste / parent est également présente dans ce sport, et plus précisément fils/père avec un rôle de suiveur.
TI: Peux-tu nous expliquer comment fais-tu pour mettre en place la prépa mentale dans le monde du trial?
Alexandre Fabregas: Tout d’abord il faut bien comprendre qu’il existe de nombreuses recherches en psychologie sportives. Il y des laboratoires de recherches, des études scientifiques et c’est sur cela que repose les interventions. À partir de là, il faut pouvoir les transférer dans la discipline en question et s’adapter au public. J’interviens depuis 2 ans au pôle espoir du Montpellier Handball, en suivant certains joueurs. En trial, j’ai pu mettre cela en place lors de stage trial, en groupe. Associé au contenu technique trial, j’ai intégré des notions de préparation mentale. On a pu travailler sur le repérage de la zone, le temps de 2 minutes en zone, différents types de passages via un dialogue interne ou des images précises. Pour aller plus loin, il faut travailler individuellement je pense.
TI: Être pilote ou ancien pilote est-il un plus ? Car il y a toute une expérience que tu peux utiliser.
Alexandre Fabregas: Il est vrai que connaître la discipline peut être un plus car on sait de quoi on parle, on connaît toutes les subtilités du sport. Néanmoins, il ne faut pas s’arrêter là. Il faut rester ouvert et se remettre sans cesse en question sinon on reste sur nos aprioris. Ce qui marche pour nous ne marche pas forcément pour d’autres. Le coaching doit être individualisé, au service du sportif.
TI: La préparation physique a bouleversé le trial ces dernières années, est-ce que selon toi la prépa mentale peux elle aussi marquer l’histoire du trial?
Alexandre Fabregas: Je pense sincèrement que l’aspect mental est très important dans le trial. Le nouveau format de course FFC et UCI amplifie l’importance de l’aspect psychologique avec un temps de zone raccourci (de 2min30 à 2min), une limitation des zones (de 6 à 5) et chez les élites, une réduction de 3 à 2 tours. À l’avenir, cela peut se généraliser sur d’autres catégories malgré le débat de cet hiver. On se rend compte donc qu’il faut être excellent le jour J, et que les marges d’erreurs sont très faibles, ce qui rajoute du stress chez les pilotes. Quoi qu’il en soit, qu’il y est 2 ou 3 tours, le trial reste un sport où il faut maîtriser ses émotions, s’entraîner très dur durant plusieurs années. C’est un sport difficile mais très complet. On dit qu’à haut niveau, le mental fait la différence. Je suis en parti de cet avis.