Guillaume Dunand arrête le Trial, carrière, futur, souvenir, une rencontre touchante

Commme il nous l’a annoncé samedi soir avant de participer à la demi-finale, cette Coupe du Monde de Anvers était la dernière compétition de Guillaume Dunand. Un homme attachant, un sportif de très haut niveau que j’ai eu la chance de connaître au début de sa carrière. Il n’est pas facile de revenir sur le passé, c’est en 5 questions qu’il a accepté de faire le tour de sa carrière, souvenir avant de nous parler de son futur. Serge Froissart avec qui il a partagé 11 ans de carrière nous a parlé longuement de Guillaume, retrouvez un morceau choisit à la fin de cette interview. Entre émotions, passions et réalité de la vie.

Franky: Le Trial en compétition s’arrête donc après Anvers. Avant d’y revenir, comment as-tu vécu ta carrière de trialiste, ce sport qui nous est chère mais qui demande de gros sacrifice pour y arriver?

Guillaume Dunand Oui c’était ma dernière course internationale. En ce qui concerne ma carrière j’ai eu des hauts et des bas c’est à l’image de la vie de tout un chacun. Mais j’ai eu la chance de pratiquer ma passion à haut niveau pendant 10 ans. Il faut remettre les choses à leur place je n’ai jamais été un pilote capable de gagner un gros titre ou d’écraser tout le monde. De par mon physique j’avais de grosse limitation en termes d’explosibilité que j’ai combattu tout au long de ma carrière. J’avais heureusement d’autre qualités comme la précision, la possibilité de maintenir des efforts de très haute intensité et une envie extrême d’y arriver! Cette situation m’a demandé beaucoup d’implication, je devais être à mon maximum physique et mental sur tous les événements. Le moindre manque sur l’un de ces piliers me propulsait bien loin de mes objectifs. De plus, je me suis vite rendu compte que le trial ne suffisait pas à m’épanouir, c’est pour cela que j’ai fait le choix de continuer mes études en parallèle. C’était mon équilibre. Ce que je retiens de ces années c’est tout ce que j’ai construit pour arriver à rester à ce niveau-là. Chaque année je cherchais à m’améliorer en construisant mes performances.

J’ai commencé ça il y a dix en m’associant avec Serge, puis j’ai cherché à me rapprocher d’un préparateur physique, puis d’un préparateur mental, d’un kiné… Chaque année j’apprenais de nouvelles choses sur le sport et sur la préparation. J’ai tout simplement adoré ça ! Puis la vie avance, j’ai réussi à faire mes meilleures performances en 2012 et 2013. Et là je pense que je n’étais pas à mon maximum, j’avais certainement encore des choses à apprendre et à améliorer mais je n’avais plus les moyens et l’envie de continuer cette démarche. Il faut comprendre que j’ai vécu pendant 10 ans grâce à mes parents qui m’ont soutenu. Heureusement, j’ai vite réussi à me payer mes saisons mais mon appartement pour étudier et ma nourriture de tous les jours c’était mes parents. J’ai décidé à cette époque de réduire mes investissements au profit de ma performance pour réduire progressivement ma dépendance à mes parents. Tout ça nous mêne à aujourd’hui où je décide de raccrocher le vélo pour aller travailler. Certains diront que je pourrais faire les deux, certainement je le pense aussi mais ça serai au détriment de ma vie sociale et je ne veux pas ça.

Franky: Quel est ton plus grand souvenir sur le vélo ?

Guillaume Dunand Ah il y en a beaucoup des souvenirs… Mais celui qui reste le plus précis dans ma mémoire c’est la coupe du monde de Méribel en 2013. J’avais passé un super weekend, chez moi avec ma famille, mes proches, et mon petit fan club. Pour moi c’est ma meilleure performance, je fais une très belle finale en finissant 2ième. A ce moment-là il y avait les super finale. Je me rappelle très bien de mon excitation avant de prendre le départ de ce dernier tour de zone qui me conduisait vers un podium en coupe du monde. Pendant la super finale, j’ai eu plus de mal mais j’avais creusé l’écart en finale et je finis 2ième derrière Gilles et Vincent finit 3ième. C’était un honneur de partager un podium avec ces deux pilotes.

Je tiens à tirer un vrai coup de chapeau à ces quelques tops pilotes pratiquement imbattable depuis 15 ans. Ils gagnaient avant que j’arrive et ils gagnent toujours… Même si je ne suis pas toujours d’accord avec leur manière de voir le sport je pense que leur volonté sans faille, leur implication immense, leur besoin insatiable de gagner sont tout bonnement impressionnant. J’aimerais en profiter pour dire aux plus jeunes que le trial de haut niveau ne doit pas se réduire à une performance sur le vélo, c’est aussi une implication pour le développement du sport à l’image de ce que font Kenny ou Rick.

Franky: Anvers, la der des der! Pour de bon!!! Que d’émotions lorsque tu termines ta course, avec Sergio, Pitou … et moi  plus qu’émouvant !

Guillaume Dunand On peut le dire j’ai pleuré comme une madeleine ! En fait, ça faisait deux zones que j’étais à la limite des larmes quand le speaker à annoncer que je mettais fin à ma carrière pendant que je roulais je me suis dit «  ça y est tout le monde le sait maintenant tu peux plus faire demi-tour… » Après je me suis retrouver avec Serge qui m’a apporté beaucoup tout au long de ces années. On a vécu un nombre de chose innombrable ensemble des très bonnes et des beaucoup moins drôle. C’était juste plein de souvenir et d’émotions qui revenaient. Puis on sait dit merci et souhaiter bonne continuation… Pitou je le connais depuis 1 ans tout juste mais il m’a redonné envie de faire un an de plus c’est grâce à lui,Titi et Crewkerz que vous m’avez vu cette année. Ils m’ont transmis leur envie et séduit avec leurs beaux projets pour le trial un grand merci à ces deux grands rêveurs qui arrivent quand même à revenir sur Terre pour faire aboutir leurs projets. Tout ce qu’ils m’avaient promis ils l’ont fait, et la suite s’annonce passionnante ! Un grand merci à eux.

Malheureusement, Titi n’a pas pu être présent mais je sais qu’il donne toute son énergie pour revenir au plus vite avec encore plus d’idées! Et toi

Franky, on a la même passion pour le sport et les émotions qu’il procure. Et je suis très heureux d’avoir partagé ces émotions avec toi. Je sais tout le temps que tu consacres à notre beau sport qui malheureusement parfois ne nous le rend pas très bien. Mais j’espère que tu vas trouver un moyen de continuer à te faire plaisir en nous offrant toujours de beaux articles.

Franky: Merci Guillaume, c’est touchant, pour me faire plaisir il faut des champions comme toi. C’est une excitation incroyable d’être aussi proche de vous, de voir dans votre regard toute la puissance qu’il faut à un sportif pour donner son maximum. Samedi soir, je t’ai dit pourquoi j’aimais être sur les épreuves, en suivant tes 2 dernières zones, j’étais au contact de cette sensation. Etre là, au moment ou tu sais que tu viens de faire ta dernière zone, restera dans mes grands souvenirs dans le Trial.

Revenons à toi, Aujourd’hui tu avances vers ta nouvelle vie, tu sais déjà ce que tu vas faire? est-ce qu’on peut espérer te voir dans le milieu du trial ou cela semble compliqué ?

Guillaume Dunand Comme je le disais plus haut, j’ai enclenché cette transition depuis plus d’un an.. Je me suis progressivement retiré de mes obligations au près des clubs en terme d’encadrement, puis j’ai ralentit progressivement mon entraînement personnel pour que cet arrêt soit le moins brutal possible. J’ai besoin de vivre autre chose ça fait maintenant 10 ans que tous mes choix étaient pris en fonction du trial. Je me suis beaucoup posés de questions sur ce que je devais faire à l’avenir des stages, des shows… Mais je ne me sentais pas de faire toute ma vie dans le trial, d’une part parce que ça ne permettrais pas de vivre comme je l’entrevois et d’autre part parce que j’ai besoin de m’enrichir encore. Je suis donc actuellement à la recherche d’un emploi dans le développement de produits mécanique, j’aimerais rester dans le sport en développant du matériel pour le sport. Je veux pouvoir m’impliquer à fond dans ce job, puis quand j’aurais trouvé un rythme, remplit mon frigo (bon j’espère un peu plus que le frigo), je reviendrais dans le trial. Je l’espère avec des nouvelles idées mais surtout avec une envie forte.

Franky: Bonne route, merci pour ce que tu es. Au plaisir de te croiser le plus souvent possible.

Guillaume Dunand Merci à toi Francky et tous mes vœux de bonheur avec Céline pour votre union. Rendez-vous aux Mud Day d’Aix en Provence en Avril prochain déjà !

Un grand merci à mes partenaires qui m’ont permis de vivre tous ces grands moments et rendez-vous sur mon blog dans quelques semaines pour un retour en image sur ma carrière.

Franky: Ah ben voilà tout le monde le sait maintenant :), tout comme toi c’est un virage dans ma vie. Je me marie ce samedi avec celle sans qui je n’aurais jamais lancé Trial Inside. Cette année au Mud Day ça va chauffer vous partirez pas comme des voleurs eheheh:)

Franky: Cela risque de ne pas être facile, mais peux-tu nous raconter ton meilleure souvenir après 11 ans de sport avec Guillaume?

Serge Froissart : pfff c’est impossible comme question ça…
sinon je dirais le moment dont tu as été le temoin dimanche car il y avait tout des onze ans dedans…
Le reste c’est impossible à départager tellement il y a eu de meilleur moment.
Dimanche, c’etait de l’émotion pure car on est deux hypersensibles…. cette accolade nous a rappelé sans rien se dire d’où l’on venait et tout ce que l’on avait fait ensemble, on s’est dit mutuellement merci, car l’on sait, comme avec d’autres, que l’on s’est nourri et que l’on a progressé l’un de l’autre avec certaines valeurs humaines intangibles.